Article paru dans le magazine « Extérieurs Design ». N°51. Mai-Juin 2016
Par Nathalie Degardin
RÉNOVER SON BASSIN
Faire évoluer sa piscine pour en optimiser l’utilisation ou l’intégrer davantage dans son environnement est non seulement tout à fait possible mais aussi de plus en plus prisé, comme en témoigne l’évolution du marché. Cependant, quel qu’en soit l’objectif, la rénovation d’un bassin est réellement à considérer comme un nouveau chantier.
Si la rénovation d’une maison est entrée dans les moeurs, le vieillissement d’un bassin n’est pas au coeur des préoccupations des propriétaires. Pourtant, l’entretien est essentiel et, parfois, entre la maintenance et la rénovation d’un bassin, la frontière est floue pour les professionnels et les particuliers, ces derniers étant généralement protégés par la garantie décennale (1). Et c’est là que le marché évolue. Aujourd’hui, les piscinistes font face à l’entretien du parc des piscines construites en réaction à la canicule de 2003, qui ont donc plus de dix ans. Une aubaine ? Indéniablement, si on analyse les chiffres du secteur (2). En dix ans, le marché de la construction a chuté de 40 %, et si 25 000 à 30 000 bassins neufs sont réalisés chaque année, on estime à 60 000 le nombre potentiel de rénovations par an.
RÉNOVER POUR ENTRETENIR
Comment franchit-on le pas d’entamer une rénovation ? Souvent, c’est une fuite, une panne ou un problème à régler qui enclenche le processus. Car, bien entendu, la question de l’étanchéité d’un bassin est essentielle ! Cela commence fréquemment par devoir changer le liner. Il faut savoir qu’avec l’évolution de la réglementation européenne relative aux matières chimiques, la composition des liners a été modifiée, et ceux-ci sont peut-être moins résistants que ceux posés il y a vingt ans et doivent être changés en moyenne tous les dix ans. De plus, l’évolution des critères esthétiques a favorisé l’arrivée des liners noirs, anthracite, qui, s’ils accentuent l’impression d’une eau profonde, d’un bassin naturel, se décolorent aussi plus vite. Or, changer un liner suppose de mettre un bassin à nu. Et, parfois, cela révèle des fissures jusqu’alors insoupçonnées, des structures rouillées…
Ce qui engendre une réelle rénovation, puisque qu’il ne s’agit plus de simple maintenance mais bien de toucher à la structure du bassin. Les professionnels préconisent alors d’effectuer un diagnostic du bassin avec des fouilles et une caméra dans les canalisations.
Au-delà de la question du revêtement, d’autres réparations conduisent à une rénovation : quand les dalles et les joints de la plage s’effritent, une fine poudre se dépose dans le bassin, et, quitte à réparer, on change les abords. De plus, le propriétaire peut être confronté à la nécessité de renouveler des pièces à sceller, tels les skimmers (pièce indispensable à la filtration de l’eau), ou de remplacer un projecteur encastré en panne.
OPÉRATION TOTAL RELOOKING
La rénovation d’une piscine est aussi envisagée quand un propriétaire est lassé de son esthétique ou souhaite un bassin plus conforme à l’esprit de son jardin. Inverser l’orientation pour profiter d’un panorama, passer à un bassin naturel, configurer une piscine miroir, être sensible à l’esthétique mosaïque, changer les projecteurs pour intégrer des leds et rendre possibles des jeux d’éclairage… Les raisons et les possibilités sont légion ! Généralement, en revisitant la forme même du bassin, on revoit le revêtement des abords : bois, galets, matériaux composites, naturels, jeux graphiques en lien avec le dessin paysager… Et il s’agit aussi, et de plus en plus, de rentabiliser l’espace baignade, pour en faire un lieu convivial, un point de rencontre – voire un solarium – où se détendre. Ici, on utilisera astucieusement un coffre de protection d’un volet roulant comme terrasse surélevée ; là, on grignotera sur la largeur ou la longueur du bassin pour allonger la plage. En effet, suivant le mouvement général de la construction, la rénovation vise plus souvent la réduction des bassins. Sont concernés ceux construits dans les années 1980 : longs, profonds, avec des fosses à plonger, ils coûtent cher à entretenir. Pour réduire leur volume, le fond est rehaussé, voire comblé, et les plages, agrandies.
CHANGER D’ÉQUIPEMENT
Il n’est pas obligatoire de changer de formes pour changer de style ! Dans la tendance bienêtre qui s’accentue, on troque la traditionnelle échelle pour un escalier immergé, qui fera office de banquette où se prélasser. Dans tous les cas, intégrer un spa, installer des buses balnéo ou dynamiser son bassin avec une nage à contre-courant nécessite de toucher à la structure (comme percer les canalisations), donc un vrai chantier. Une couverture de bassin (hors sol, immergée, cachée dans le bassin) peut aussi être installée, pour des raisons de sécurité et pour préserver la température de l’eau. Les innovations importantes dans ce domaine font que certaines couvertures sont compatibles avec des formes libres ; en revanche, il est important de bien se renseigner, car tous les modèles ne le sont pas avec un liner.
Enfin, on renouvelle à cette occasion son équipement pour une question de confort – changer une pompe à filtration trop bruyante, ou passer à l’automatisation du traitement de l’eau pour faciliter l’entretien – et, bien entendu, pour réduire les coûts et améliorer la qualité de l’eau. Ainsi, le recours à un robot automatique ou à un traitement automatisé assure une eau purifiée chaque jour, sans opération particulière, et réduit la consommation des produits de traitement, grâce à un dosage adapté à la configuration du bassin et à la température de l’eau. D’un point de vue technique, le grand public ne perçoit pas clairement les innovations qui voient le jour : quand on lui demande de préciser le matériel idéal, on remarque qu’il décrit des produits qui existent déjà ! Pour les professionnels, le constat est sans appel : la rénovation d’une piscine est vécue comme une construction qui demande de prévoir le budget adéquat. Loin d’être figé, l’espace aquatique suit l’évolution des modes de vie… telle une pièce supplémentaire de la maison.
(1) La garantie décennale assure de la réparation des vices et des malfaçons dans les dix ans après la livraison d’une piscine. (2) Voir L’Activité Piscine, mai 2015.
