Article paru dans le magazine « Extérieur design ».
Texte : Nathalie DEGARDIN – Photos : Marc DE TIENDA
Jardin aquatique
La réussite de ce jardin tient dans l’habile équilibre entre une esthétique de plans d’eau naturels et une réorganisation des arbres et arbustes, présents à l’origine.
Dans la région de Castillon, ces propriétaires voulaient profiter de la rénovation de l’arrière de leur maison pour aménager une cuisine, installer des baies vitrées, et ouvrir cette partie sur une succession de plans d’eau, dans un esprit proche de la nature. Au départ, ils imaginaient même gérer le traitement de l’eau grâce à une sélection de plantes adéquates. Mais compte tenu des contraintes de surfaces de lagunage et de celles posées par le traitement des bactéries au-delà de 25° C, ils se sont orientés davantage vers une esthétique naturelle, travaillant de concert avec le cabinet d’architectes Éric Testianiotto, un paysagiste et l’équipe de Piscines Sud Océan, du groupement L’esprit piscine. Ainsi, d’une vaste étendue de broussailles avec quelques arbres, après une mise à nu totale du terrain, au final, le jardin comprend trois bassins, dont deux semblent imbriqués dans la piscine principale. Tous ont une structure en béton. Le couloir de nage, d’une longueur de 17 x 2,50 mètres, a été revêtu d’une membrane armée gris anthracite, pour appuyer l’idée de profondeur et s’inscrire dans ce cadre brut. Comme les plages et les margelles, la terrasse de la maison a été réalisée en bois exotique, accentuant ainsi ce paysage de bord de l’eau immédiat et de plans d’eau naturels.
Ce sont ces plans d’eau qui donnent le cachet et paraissent présents depuis toujours. Des nénuphars aux papyrus en passant par les roseaux, la menthe aquatique, les plantains d’eau, les prêles ou les renoncules (Caltha palustris), le mariage des végétaux a été travaillé pour, d’une part, apporter quelques plantes oxygénantes, comme les Ceratophyllum demersum, et, d’autre part, pour respecter l’inspiration naturelle… au point que certaines ont été directement prélevées in situ ! Pour renforcer ce plan d’eau aquatique, une passerelle bordée d’iris longe le mur. Déplacés au fond du jardin pour laisser place à la construction des bassins, les massifs d’hortensias, les bosquets de noisetiers et les catalpas s’inventent une nouvelle vie aux côtés d’un érable, de cyprès, de bambous et de rhododendrons. La pelouse qui frange le garage se fond dans l’esthétique commune, invite à un autre repos. In fine, d’un jardin somme toute classique, cet espace outdoor apporte aujourd’hui un dépaysement inspirant, dans une harmonie générale subtilement travaillée.